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Photo du rédacteurNatacha Hoareau

Mes émotions, amies ou ennemies ?

"Je m'énerve pour un rien", "Depuis la séparation de mes parents, je pleure souvent, j'en ai marre d'être faible comme ça", "Avant chaque oral, j'ai souvent peur de me planter, mais je finis toujours pas y arriver.".


La colère, la tristesse, la peur sont des motifs de consultations fréquents en TECC. Ces émotions nous embêtent, nous tiraillent et nous laissent souvent penser qu'elles doivent être "supprimées". Or, toutes nos émotions sont utiles et essentielles à notre vie.



  • Émotion, quésako ?

L'émotion chez un être humain, passe par 3 composantes :

  • La composante "physique" avec les manifestations corporelles plus ou moins intenses : rougeur, transpiration, maux de ventre, vertiges, modification du rythme cardiaque, etc.

  • La composante "cognitive" avec le fait de penser de façon différente, car notre esprit se trouble lorsque l'émotion s'active.

  • La composante "comportementale" car l'émotion nous prépare, voire nous pousse à l'action (ex. fuir lorsque l'on voit un animal effrayant dans la forêt).


Une émotion est donc un état affectif que nous ressentons intérieurement. Il n’y a pas une, mais plusieurs façons de réagir à une situation donnée.

 

Un exemple ?


Pauline et Louise regardent toutes les deux le ciel et voient passer une montgolfière. Pauline se remémore alors son baptême de montgolfière avec son copain il y a quelques mois. Elle ressent de la joie et un état de bien-être immédiat. Louise quant à elle repense immédiatement à un accident mortel de montgolfière survenue dans sa région natale, il y a deux ans. Elle sent que son coeur bat plus vite et elle commence à ressentir des sensations désagréables au creux de son ventre. Elle va ressentir ces gênes sur reste de la journée.


Ces deux amies ont vécu exactement la même situation, mais les pensées et les émotions déclenchées par la vue de cette montgolfière ne sont pas du tout les mêmes.

 

La durée et l’intensité de notre ressenti émotionnel sont donc variables.




  • Qui sont-t-elles ces émotions ?


Six grandes émotions « primaires » existent : la joie, la tristesse, le dégoût, la peur et la colère et la surprise.


Et elles peuvent se mélanger pour former des émotions secondaires qui sont le mix de plusieurs émotions primaires. Par exemple, la jalousie est un cocktail de peur, de tristesse et de colère. Alors que la honte combine la peur et la colère que l'on retourne contre soi.


"Avant ma TECC, je n'utilisais jamais le mot "émotion". Personne à la maison ne parle jamais de ses émotions. C'est dingue de penser qu'on ne met pas de mot ou d'explication sur ce que nous ressentons alors que nos émotions nous suivent tous les jours de notre vie." - Azalée, 25 ans


  • À quoi ça sert une émotion ?


"Essaie de prendre sur toi ce soir, souris même si tu es stressé."

" Ok tu es en colère, mais ce n'est pas la peine de gâcher la journée de tout le monde pour ce qui te frustre"

"Pourquoi tu pleures pour si peu ? Ça va changer quoi de te mettre dans cet état pour ce garçon/cette fille ?"


Beaucoup de patients, nous confient que dès petit, les adultes autour d'eux exprimaient l’idée qu’il ne fallait pas montrer ses émotions, que cela n’était pas bien. Les exprimer pouvait même parfois paraitre irrespectueux pour les autres et leur confort.


Notre éducation émotionnelle va nous marquer à vie.


Et bien souvent, accepter ses émotions était perçu comme un signe de faiblesse lorsque nous étions plus jeunes. Alors qu'en réalité, les émotions font partie de nous. Toutes nous sont utiles.


Chacune d'entre elles a une fonction vitale.


"La société et les réseaux sociaux essaient de nous faire croire qu'il faut être heureux tout le temps et qu'il n'y a pas de place pour les émotions comme la colère et la peur. Comme si on était des robots sans ressenti." - Lin, 17 ans

Rappelons-nous que nous sommes constamment en présence de nos émotions. Tous les jours, elles nous suivent et nous accompagnent dans l'ensemble de nos activités quotidiennes.


Nous apprécions certaines émotions (qualifiées de "positives") comme la joie, la surprise. Mais nous percevons nos émotions qualifiées de "négatives" (colère, tristesse, peur) comme étant nos pires ennemies.


Ces émotions-là, nous les enfermons, nous les bâillonnons, nous les rejetons. Nous voudrions les supprimer même. Or, il n'est pas possible de supprimer une émotion, car sans elle, nous aurions bien plus de problèmes dans nos vies que de bonheur.


Imaginez une vie sans peur.

Si elle n'existait pas, nous aurions des comportements à risque pour nous et les gens qui nous entourent.


Les émotions intenses, si nous ne prenons pas le temps de les identifier et les comprendre, ce sont elles qui nous font vivre un vrai enfer, car elles ont besoin d'être écoutées et entendues.



Vos émotions veulent vous délivrer un message.


  • Les TECC dans l'accompagnement à la gestion des émotions


En TECC, les termes "positif" et "négatif" pour qualifier une émotion ne sont pas adaptés car une émotion n'est ni positive ou négative. L'être humain est fait pour ressentir une palette d'émotions différentes.


Toutes les émotions sont utiles et nous apporte une aide indispensable pour comprendre nos environnements (sociaux, physiques, etc.), ce qu'il s'y passe et comment faire pour s'adapter au mieux.


En thérapie émotionnelle, nous apprenons aux patients que les émotions peuvent être divisées en plusieurs catégories : agréables, désagréables fonctionnelles et désagréables dysfonctionnelles.


  • Les émotions agréables : elles nous plaisent et nous sont utiles (ex. la joie, l’amour)

  • Les émotions désagréables fonctionnelles : elles nous déplaisent mais sont le plus souvent utiles par rapport au contexte dans lesquelles elles apparaissent (ex. une tristesse lors d’une séparation)

  • Les émotions désagréables dysfonctionnelles : si elles sont trop intenses, trop fréquentes et durent trop dans le temps, elles nuisent à notre bon fonctionnement (ex. une colère intense et disproportionnée à chaque fois qu’un proche nous refuse une chose).


La gestion de ces diverses émotions ne se fera pas de la même manière car elles n’ont pas les mêmes origines et conséquences (éducation parentale, psychotraumatismes, maladie, deuil, etc.). Une TECC va donc permettre de comprendre et d'identifier les facteurs qui déclenchent et qui maintiennent dans le temps ces émotions intenses.



  • Mais alors... Que veulent me dire mes émotions ?


La peur concerne le futur. La colère porte sur le présent. La tristesse est tournée vers le passé. Alors que la joie porte sur le passé, le présent et le futur.


À chaque fois que nous vivions une situation, nous allons ressentir une émotion (ou plusieurs) et nous avons avoir besoin de communiquer une réponse pour répondre à un besoin.


Par exemple ?


  • La peur nous aide à faire face à une menace : anticipation du risque, un danger, une perte de considération.

  • La colère nous aide à ne pas subir d'injustice, de dévalorisation, ou d'irrespect physique ou psychique.

  • La tristesse nous accompagne à nous replier sur nous pour faire un travail de deuil lors d'une séparation (factuelle ou relationnelle).

  • La joie célèbre avec nous un évènement heureux (une réussite, des retrouvailles).


Il est alors utile de se demander, à chaque fois qu'une émotion commence à déborder dans notre tête et notre corps : "Qu'est-ce que je ressens comme émotion ? Quels sont mes besoins physiques et émotionnels dans cette situation précise ou dans ce que j'anticipe ?".


  • La peur communique un besoin d’être rassurée, soutenue, protégée.

  • La colère communique un besoin d’être entendue et comprise.

  • La tristesse communique un besoin d’être consolée, réconfortée et sentir de la présence.

  • La joie communique un besoin de la partager.




Il est naturel d’éprouver des émotions dans un contexte de changement quelconque. Mais rappelons-nous que tout est finalement une question de durée et d'intensité.


Une tristesse intense, risque de se transformer en dépression, une peur intense en phobie, une colère intense en violence, une joie extrême de la manie, une anxiété intense en crise d'angoisse.


Ainsi, il est essentiel, de repérer dans son corps et ses pensées, les premiers signes d'alerte de la présence d'une émotion intense car si l'on attend trop longtemps pour faire ce travail de gestion émotionnelle (identification, acceptation et gestion) elle risque de nous submerger sur du moyen terme. Et sur du long terme, il est possible que des troubles psychologiques et physiques apparaissent.


"Maintenant à chaque fois qu'une émotion difficile arrive, je me rappelle de votre métaphore du "mal physique" et je me demande : si mon émotion était un mal de gorge, est-ce j'attendrai de ne plus pouvoir avaler ma salive ou de parler avant de commencer à gérer le souci." - Pivoine, 27 ans


Il est essentiel de prendre soin de ses émotions, comme d'une plante intérieure à qui nous donnerions soins et attentions réguliers.


  • Quelle place pour l'anxiété ?


L’anxiété est une émotion souvent ressentie comme désagréable qui correspond à l’attente plus ou moins consciente d’un danger ou d’un problème à venir. L’anxiété est un phénomène normal, présent chez tous les individus.


Elle peut cependant prendre un caractère excessif et pathologique dans différentes situations : on parlera alors de troubles anxieux. La gestion des les troubles anxieux et des crises d'angoisse représentent de motifs de consultation fréquents en TECC.


Comme toute émotion, l'anxiété et la peur ne peuvent pas se supprimer (il n'est pas possible de supprimer une émotion, rappelons-nous) car toutes les émotions sont utiles au quotidien pour notre survie en nous armant à faire face aux dangers réels de la vie (une voiture qui ne freine pas en vous voyant, un chien menaçant dans la rue, etc.).


Cependant, l'anxiété intense qui s'active dans des situations de vie qui ne sont pas réellement dangereuses se prend en charge en TECC. Psychoéducation, exercices cognitifs, émotionnels et comportementaux, corporels (méditation pleine conscience, relaxation, hygiènes de vie adaptées aux besoins), motivation, temps, patience, et bien d'autres sont des outils travaillés durant une TECC.


  • Alors finalement... combattre ou mieux gérer nos émotions ?


Nous vivons dans un monde (occidental) où tout doit s'expliquer, se comprendre, s'intellectualiser. Or, les émotions ne sont pas rationnelles.


Et c'est bien ce qui nous effraie le plus chez elles. Elles nous font perdre notre rationalisation et le contrôle que nous voulons avoir sur nos environnements.


L'intellect nous valorise socialement et nous donne satisfaction. Mais les émotions nous aident et contribuent directement à notre équilibre psychique. Et donc à notre équilibre intérieur.


Nous souhaitons, rêvons toutes et tous de sérénité, de bien-être, de bonheur. Et si, l'une des façons d'y accéder était de pouvoir booster notre éducation émotionnelle en apprenant à nous (re)connecter à ce qui est vivant en nous, nos émotions ?


"Avant, plus j'essayais de réprimer ma colère, plus elle explosait en moi et envers mes proches. J'apprends au quotidien à comprendre pourquoi elle apparait et à utiliser mes outils de TECC pour mieux la gérer et finalement lui dire 'c'est bon j'ai compris ce qui n'allait pas, tu peux t'en aller' " - Lotus, 34 ans

Les émotions, sont nos meilleurs alliés, tâchons donc de les apprivoiser au mieux pour notre équilibre intérieur.



 

En bref


En résumé, les émotions nous apportent une ou plusieurs informations qui nous poussent à mener l’enquête. Elles nous invitent à les identifier, les comprendre pour mieux nous connaître.


Cette immersion au sein de nos émotions va nous permettre d'être mieux avec nous-mêmes et avec les personnes autour de nous.


Nous avons tendance à ne pas vouloir écouter nos émotions. C’est souvent ce que notre entourage nous a dit et inculqué.


Or, les émotions sont nécessaires pour nous adapter à notre environnement. Aucun danger, ni malheur ne nous attend à laisser vivre votre émotion en vous. Bien au contraire !


Une émotion trop intense, trop envahissante sur du long terme (des semaines, des mois ou des années mêmes) est nocive pour la santé au départ mentale puis finalement physique.


Rien ne sert de vouloir empêcher vos émotions d'arriver ou de s'exprimer, vous n'en ressortirez pas gagnant. Seuls les comportements négatifs qui en découlent peuvent être contrôlés (ex. ne pas frapper une personne malgré sa colère, respirer en pleine conscience lorsqu'une montée d'anxiété nous submerge) mais pas leur apparition.


Nous devons vivre nos émotions, car elles sont la vie. Notre vie.


"Ça m'aura pris du temps, mais aujourd'hui, je dis merci à mes émotions d'exister au quotidien et me permettent de me sentir vivante. Une émotion désagréable ne dure pas éternellement. Elle ne peut que nous rendre que plus fort, il suffit de s'en rappeler !" - Garance, 37 ans


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